Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/158

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volution de 1789 un véritable culte, et dans sa modeste maison de la rue d’Assas il conservait nombre de documents de cette époque.

Victor Hugo dédiait des vers à « son sculpteur », David d’Angers, comme il en dédiait à « son peintre », Louis Boulanger, qui illustra ses œuvres, et dont l’atelier fut parfois un rendez-vous des jeunes romantiques.

À l’apparition d’un volume de poésies signées de Victor Hugo, de Sainte-Beuve ou d’Alfred de Musset, on en faisait la lecture chez Louis Boulanger, pendant que l’artiste travaillait à une de ses toiles, notamment à son Triomphe de Pétrarque, « apothéose du génie », dit Gustave Planche, dont l’opinion différait singulièrement de Chateaubriand qui, en 1802, dans une lettre, appelait Laure « une bégueule » et Pétrarque « un bel-esprit », lesquels lui gâtaient la fontaine de Vaucluse.

C’était un immense tableau que ce Triomphe de Pétrarque. Je l’ai vu plus tard roulé dans un coin de l’atelier du peintre. Boulanger me demandait amèrement :

« Que voulez-vous que j’en fasse ? »

Longtemps prôné outre mesure, — car Théophile Gautier donnait à ses Trois amours poétiques le nom de « Parnasse romantique », — Louis Boulanger commençait à être dédaigné plus que