Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/157

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aux côtés de l’auteur de Cromwell, donnaient aux réunions un caractère à la fois familial et magistral.

Le buste de Victor Hugo, par David d’Angers, semblait, par ses lignes monumentales, nous indiquer prématurément que nous pouvions nous incliner avec enthousiasme devant un génie immortel, et les mille offrandes d’artistes contemporains faisaient de cette demeure, non exempte de simplicité au fond, une sorte de sanctuaire où chacun prenait volontiers l’encensoir.

Des gens que l’on voyait là, le plus grand nombre a été fauché par la mort en laissant de glorieux souvenirs.

Le baron Taylor, commissaire royal de la Comédie-Française, y recevait nos hommages pour avoir ouvert les portes du théâtre à Victor Hugo.

David d’Angers, qui chercha à fondre la forme et l’idée, qui essaya d’inaugurer ce qu’il appelait « de la sculpture morale », avait reçu de son homonyme, le peintre Louis David, des leçons d’art et de républicanisme. Pendant la Restauration, il était sans ressources à Londres, lorsqu’on lui offrit une forte somme pour exécuter un bas-relief de la bataille de Waterloo. Il refusa, vendit ses habits, revint en France. Son ciseau cherchait à faire revivre les héros ; il vouait à la Ré-