Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/183

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bonne et noble compagnie, conversant avec un calme presque austère, luttant sans trop d’énergie pour défendre la littérature nouvelle, vivant en parfaite intelligence avec les déserteurs du camp hugolâtre, attendant peut-être un deuxième Casimir Delavigne, moins voltairien et philippiste que le premier, plus jeune, plus accommodant avec la forme moderne.

Selon nous, la tragédie était morte et enterrée ; mais, aux yeux de quelques tièdes novateurs, elle se trouvait seulement dans un sommeil léthargique. Les Lemercier, les Arnault, les Guiraud, les Soumet, avaient encore des émules ou des imitateurs ; Liadières, Viennet et Ancelot chaussaient le cothurne tragique, en dépit de nos moqueries. D’autres, restés à peu près inconnus, défendaient le vieux moule du théâtre, les anciennes doctrines, et travaillaient en vue du tragédien Ligier, qui leur faisait pourtant des infidélités fréquentes, en faveur du drame.

De 1829 à 1856, Pierre Dalban, de Grenoble, — horresco referens, — publia une vingtaine de tragédies grecques et romaines. Cet homme convaincu, de tempérament classique, lutta contre le romantisme, même vainqueur. Ce tragique fossile, curieux dans son espèce, dépassa Liadières en entêtements et en banalités.

Nageant entre deux eaux, Alexandre Soumet