Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

obtint un succès avec Une Fête de Néron, tragédie à laquelle Belmontet collabora. Soumet, qui avait figuré des premiers dans le camp des romantiques, ne pouvait se dégager entièrement des liens qui l’attachaient à l’ancienne école. « Il était, a dit Édouard Fournier, en avant de ses aînés, mais plus en arrière encore de ses cadets. » Il succomba victime de sa situation indécise.

Les hôtes du comte de Vigny, sans vivre en mauvaise intelligence avec quelques tragiques, ne se contentaient pas des nouveautés que ceux-ci introduisaient dans leur forme. Ils guettaient l’occasion d’opposer à Victor Hugo, auteur dramatique, un homme nouveau capable d’opérer une réaction au théâtre.

Ce Messie arriva un jour, sous les traits de Francis Ponsard, avec Achille Ricourt, ancien fondateur de l’Artiste, pour prophète, avec Auguste Lireux, le directeur de l’Odéon, pour ministre du culte.

Une traduction en vers du Manfred de lord Byron, parue en 1837, n’avait produit aucun effet. Mais Ponsard pensait qu’il serait « beau qu’un poète surgît qui corrigeât Shakespeare par Racine, et qui complétât Racine par Shakespeare ». Il déclarait que « la littérature, longtemps oscillante, se reposerait dans les bienfaits de l’éclectisme ».