Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/203

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sit, de 1825 à 1840, on distingue, outre les maîtres pour lesquels l’immortalité a commencé, une foule de femmes et quelques ouvriers.

Louise Colet, plusieurs fois couronnée par l’Académie française, avait des amitiés très puissantes ; piquée au vif par les Guêpes d’Alphonse Karr, elle « offrit au journaliste un coup de poignard… dans le dos » ; mais son couteau de cuisinière demeura innocent. Mme Desbordes-Valmore, d’abord chanteuse, puis poète, faisait des vers charmants, en restant « femme, toujours femme, absolument femme ». Hermance Lesguillon, poète comme son mari, donna cinq recueils de vers au moins, de 1833 à 1845. Mme Mennessier-Nodier, fille de Charles Nodier, était à la fois poète et musicienne, comme Mlle Bertin, fille du directeur du Journal des Débats ; celle-ci publia les Glanes, celle-là les Perce-Neige.

À cause de sa parenté, Mlle Bertin excita l’envie de nombreux poètes et de musiciens non moins nombreux. On prétendit que ses vers ne valaient pas l’honneur qui leur était fait ; on prétendit que Berlioz avait collaboré à sa partition d’Esmeralda, tandis que ce compositeur n’en avait pas écrit une seule note. Les classiques musiciens la frappèrent sur le dos de Berlioz, et les classiques poètes la frappèrent sur le dos de Victor Hugo. Somme toute, elle ne