Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/205

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« À moins d’être Victor Hugo ou Lamartine, les vers ne se vendent pas. »

Déjà la Muse ne pouvait nourrir. Clémence Robert, dont Sénancourt était l’inspirateur, écrivait néanmoins des vers remarquables, avant de devenir romancière démocrate, et de s’installer au rez-de-chaussée des journaux populaires.

Non seulement les femmes rimaient à l’envi, mais les ouvriers « accordaient leur lyre ». Hégésippe Moreau n’avait quitté l’imprimerie qu’après les journées de Juillet, durant lesquelles il se comporta vaillamment.

Le menuisier Jean Reboul, fils d’un serrurier, composait l’Ange et l’Enfant, que l’on récitait partout, dans les salons et dans les classes, qui lui valait des vers de Lamartine et l’admiration d’Alexandre Dumas. Le tisserand Magu chantait « sa navette » et conquérait les sympathies de George Sand. Le maçon Charles Poncy publiait, à dix-neuf ans, un premier recueil de poésies. Pierre Lachambeaudie, simple teneur de livres, ancien Saint-Simonien, travaillait à des Fables, dont le recueil parut grâce aux moyens que lui fournit le Père Enfantin. Hippolyte Tampucci, garçon de classes au collège Charlemagne, imprima un volume de poésies en 1832, et mérita les encouragements de Victor Hugo.

Il arriva, même, que des condamnés cher-