Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/206

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chèrent à se réhabiliter par la poésie, comme Hippolyte Raynal, à qui Béranger manifesta des sympathies. Depuis, plus d’un criminel a prétendu prendre place parmi les esprits d’élite. Rappelons-nous Lacenaire.

Poètes et romanciers prodiguaient, en tête de leurs pièces de vers ou de leurs récits, les épigraphes tirées des œuvres de leurs amis : réclames permises pour attirer sur ceux-ci l’attention du public. La mode en est passée. À l’imitation du Hierro de Victor Hugo, les Jeune-France adoptaient un cachet au sens mystérieux.

Je renonce à citer tous les noms des génies inconnus ou méconnus auxquels ont manqué l’occasion de se produire, ou le talent pour percer, ou la constance pour acquérir de la réputation.

Ils lançaient un livre — vers ou prose — qui était à la fois un bonjour et un adieu à la littérature. Hippolyte Barbier (d’Orléans), par exemple, reçu chez de Vigny, enthousiaste de Lamennais et de Lacordaire, publia en 1836 les Élévations poétiques et religieuses. Je perdis de vue Hippolyte Barbier, qui entra dans les ordres, et je le retrouvai aumônier du lycée Louis-le-Grand, où il mourut estimé, aimé de tous. Jeune, il adhérait « et de cœur et d’âme aux théories palingénésiques de Ballanche ».

Après avoir été substitut, Regnier-Destourbet