Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et, tout en admirant Ingres, beaucoup de jeunes, alors, convenaient que Delacroix possédait des qualités puissantes, méritait l’appui de Thiers arrivé au pouvoir, et devait un jour composer de vivantes peintures murales.

La gravure et la lithographie reproduisaient, popularisaient sa Barque du Dante, son Massacre de Scio, son Hamlet.

Le Louvre — en temps d’exposition — attirait une foule remplie de fanatiques, — qui pour Delaroche, qui pour Decamps, qui pour Delacroix, qui pour les paysagistes, qui pour les tableaux de genre. « On parcourait les galeries, écrit Théophile Gautier, avec des gestes d’admiration frénétique qui feraient bien rire la génération actuelle. »

Ainsi, quand Delacroix exposa Médée poignardant ses enfants, la toile se trouva placée à l’entrée du salon carré, à gauche, tout près de la porte du grand escalier.

J’étais là en extase, avec une assez nombreuse compagnie. Un de mes camarades de collège, arrivé avant moi, me serra tout à coup la main et s’apprêta à sortir.

« Comment ! lui dis-je, tu ne viens pas dans les autres galeries ?… Il y a de belles toiles… Le Salon est remarquable.