Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/229

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Ils forment un groupe vraiment extraordinaire dans la génération de 1830.

Bidauld et plusieurs artistes peintres nous servaient, sous le nom de tableaux, des plats d’épinards réussis.

Chaque année, à l’ouverture du Salon, nous formions une bande, quelques amis et moi. Nous cherchions les plats d’épinard, devant lesquels nous éclations de rire, à la grande indignation des bourgeois, qui partageaient le goût de Louis-Philippe, et estimaient beaucoup le talent de Bidauld.

L’École du paysage composé, historique et mythologique, elle aussi, possédait le privilège d’exciter fréquemment notre hilarité. À part quelques toiles d’Aligny, de Paul Flandrin, de Rémond même, nous plaisantions fort les « créations », en disant bien haut que le paysage devait représenter les scènes de la nature, au lieu d’en inventer.

Les Théodore et Philippe Rousseau, les Jules Dupré, les Camille Flers, les Louis Cabat n’ont-ils pas excellé dans ce genre, en même temps que Louis Français, François Daubigny, Constant Troyon, Prosper Marilhat, Camille Corot, Millet, Chintreuil et Rosa Bonheur, les uns produisant aussi des natures mortes, les autres plaçant dans leurs sites des animaux admirablement peints ?