Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/230

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Notre École actuelle du paysage n’a pas de rivale. Qui donc mieux que Dupré sut faire percer le soleil sous les ombrages ? Qui rendit mieux que Théodore Rousseau, que Flers, Français et Daubigny, les effets d’arbres, de rochers et de ciel ? Et la Mare aux canards, de Cabat ? Troyon n’a-t-il pas mérité le surnom de « la Fontaine de la peinture », avec sa touche virile, sa richesse de tons et son brillant coloris ? Le Marché aux chevaux, de Rosa Bonheur, n’est-il pas un chef-d’œuvre, parmi d’autres toiles charmantes ?

Marilhat, prématurément enlevé aux arts, nous traduisait poétiquement les plus beaux aspects de la Syrie, de l’Égypte et de l’Italie, tandis que Corot, sans égal dans les matins et les soirs, se montrait encore plus parfait dans les solitudes, faisait impression sur l’âme du spectateur, sans se préoccuper outre mesure de l’imitation matérielle.

Corot, l’élève de Bertin et de Michallon, se montra à la fois plus poétique et plus réaliste que ses maîtres. La réputation de ce paysagiste, d’abord si discuté, a grandi au point de le rendre populaire.

Ces artistes-là prirent pour atelier d’études l’admirable forêt de Fontainebleau, et ils y fondèrent des colonies, — Barbizon, Chailly et Marlotte.