Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/239

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reproduisant les œuvres des maîtres contemporains, notamment Delaroche, Ary Scheffer et Ingres.

Il nous plaisait qu’une planche, à l’aide de plusieurs procédés, rendît plus exactement l’effet de l’œuvre originale. Mon cher ami Achille Martinet, à qui l’on doit le magnifique Portrait de Rembrandt peint par lui-même, se plaçait à côté d’Henriquel-Dupont, après s’être d’abord appliqué à continuer les vieux maîtres.

Ces deux graveurs ne s’élevaient pas contre les progrès accomplis par l’école moderne ; ils cherchaient à faire rendre par le burin toutes les faces du grand art de la peinture.

J’ignore ce que pense aujourd’hui M. Henriquel-Dupont de l’avenir de la gravure au burin, mais je n’ai point oublié qu’Achille Martinet, quelques années avant sa mort, me disait avec une tristesse mêlée d’amertume :

« Le temps n’est pas loin où la taille-douce n’aura plus de représentants. »

En effet, elle a supporté des assauts, d’abord de la part de la manière noire, de l’aqua-tinta, de l’eau-forte, puis de la part de la lithographie, enfin de la part de la photographie.

Un Nanteuil, un Édelink ou un Drevet vivraient-ils convenablement de leur art à l’heure présente ?