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Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/263

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lier, Émile Deschamps, afin d’organiser l’audition d’une de leurs œuvres !

« Venez ! Berlioz vous en supplie », me disait Émile Deschamps en me donnant des billets pour la Symphonie d’Harold.

Berlioz recrutait des violons par-ci, des cuivres par-là, un choriste à l’Opéra pour chanter un solo, un élève ténor du Conservatoire, un chantre à Saint-Roch, etc., et, l’heure étant venue d’affronter le public, il montait sur l’estrade, et dirigeait lui-même l’orchestre, en lui communiquant un enthousiasme endiablé.

Les auditeurs applaudissaient d’autant plus qu’ils étaient moins nombreux ; mais d’argent, pas l’ombre. Succès en famille d’amateurs, même après que Paganini eut accompli un acte de générosité insigne à l’égard de Berlioz : vingt mille francs pour « l’égal de Beethoven », devant lequel s’était prosterné ce violoniste à surprises.

L’auteur des Soirées de l’orchestre alla chercher la gloire en Italie, en Allemagne, en Russie. Il ne la conquit en France que lorsqu’il eut fermé les yeux.

Ingres regardait Berlioz comme « un musicien abominable, un monstre, un brigand, un ante-christ ».

Peu importait. Hector Berlioz ne se détourna