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Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/303

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coqs amoureux ne se rencontrent sur le champ de bataille de leur bonheur. »

Romantique, il traitait d’une manière étrange les partisans de la nouvelle école, tout en décochant des flèches empoisonnées contre les derniers champions de la littérature classique. Au demeurant, je ne pouvais guère m’entendre sur tous les points, moi, hugolâtre, avec un homme tel que Henri Heine.

Aussi, je redoutai un peu les coups de griffe que me vaudraient ses conversations, quand je passai en sa compagnie six semaines aux bains de mer de Trouville.

Trouville, alors, était dans l’enfance. Quelques petits hôtels et quelques maisons de pêcheurs y donnaient asile à des Parisiens désireux de vivre à l’écart au bord de la mer. Aucune calèche n’y paraissait, quoique déjà M. d’Hautpoul y possédât une belle maison et un yacht superbe, quoique le chalet de M. Goupil y attirât l’attention, quoique l’atelier du peintre Mozin y fût parfaitement installé.

Nous passions nos vacances à Trouville avec M. et Mme Henri Heine, avec Auguste Lireux, directeur de l’Odéon, avec Alphonse Royer, qui dirigea l’Opéra, avec Alfred Quidant, le pianiste.

De fréquentes promenades avaient lieu, — tantôt à Hennequeville et à Cricquebœuf, tantôt à