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Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/319

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Comme antagoniste, pendant dix-huit ans, la classe ouvrière rencontra la garde nationale.

Celle-ci, une des grandes forces du pouvoir, représentait la bourgeoisie armée. Elle était fière de ce que Louis-Philippe, en lui distribuant les drapeaux, avait commencé son allocution par ces mots : « Mes chers camarades. »

Disons que la garde nationale, jouant beaucoup au soldat, n’était pas prise au sérieux par la jeunesse d’alors.

Aussi, pendant les premiers jours du règne, plusieurs élèves des Beaux-Arts et nombre d’étudiants, enflammés du zèle patriotique, essayèrent de former une « Légion des artistes ». À leur tête se distinguait Achille Martinet, le graveur dont j’ai parlé déjà, fils d’un ancien aide de camp du général Hoche.

Mais Achille Martinet, ayant obtenu, en 1830, le grand prix de Rome en gravure, partit pour la Villa-Medici. Ses amis ne persévérèrent pas dans l’idée émise, et la « Légion des artistes » resta à l’état de projet.

La garde nationale ne plaisait pas à tout le monde.

On s’efforçait d’échapper au devoir civique consistant à porter un fusil. Parmi les hommes de lettres, et les artistes principalement, le refus de monter la garde était passé en habitude.