Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/318

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développa le premier l’idée des associations ouvrières.

En 1834, la question politique prima la question économique. Le mutuellisme eut son journal : l’Écho de la Fabrique, et il s’allia avec la Société des droits de l’homme, opposa le refus du travail à l’abaissement des salaires, et poussa l’idée de solidarité jusqu’au point le plus radical.

Les luttes sociales apparaissaient.

On eût dit que l’exemple du chartisme anglais, nouvellement éclos dans le Royaume-Uni, s’introduisait chez nous. Seulement, un parti ouvrier n’existait pas encore en France ; il ne pouvait naître qu’avec le suffrage universel. Le gouvernement, ayant horreur des grèves, inventait toutes sortes de moyens pour tenir les travailleurs sous la dépendance des patrons, — des bourgeois.

Le livret d’ouvrier, institué par la loi du 12 germinal an XI, réglementé en décembre 1803, fut regardé comme obligatoire le 1er avril 1831. Quiconque, parmi les travailleurs manuels, ne possédait pas un livret, pouvait être poursuivi devant le tribunal de police. Mais les juges paralysèrent l’effet d’une ordonnance qui, prescrivant des mesures coercitives, ne prenait pas sa source dans la loi organique.