Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/91

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Ainsi fit Odilon-Barrot, après avoir été remplacé comme préfet de la Seine.

L’opposition constitutionnelle s’élevait sans cesse contre la camarilla, la coterie des personnes qui approchaient Louis-Philippe le plus près, et ne différaient pas beaucoup, pour la servilité, de l’entourage de Charles X.

Quelques politiques se tenaient toujours sur la brèche ministérielle, et allaient former un « tiers-parti » ; d’autres cassaient les vitres, se dressaient en ennemis, comblaient les vides que les apostasies creusaient dans le parti républicain.

Barthélemy, dont nous lisions les satires avec une avidité comparable à celle que j’ai signalée à propos des œuvres romantiques, Barthélemy, dont le vers flagellait tour à tour d’Argout, Persil, Guizot et tous les hommes du pouvoir, qui reprocha cruellement à Dupin aîné d’avoir « chaussé des brodequins pour fuir dans les trois jours », avait fait volte-face, s’était tu soudainement, sans arriver à se justifier des soupçons graves qui pesaient sur lui. Le public ne l’imitait pas.

Dans les hautes sphères de l’administration, des volte-face pareilles à celle de Barthélemy irritaient la foule. L’épithète de « vendu » était accolée à plus d’un nom jusqu’alors porté aux