Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/99

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corde, surmonté d’une poire. Au bas, on lisait : « Monument expia-poire. » Ce dessin le mena en cour d’assises, où il s’écria :

« Le parquet a vu là une provocation au meurtre ; ce serait tout au plus une provocation à la marmelade. »

Les jurés se mirent à rire sous cape, mais ils ne furent pas désarmés.

Le Charivari et son directeur eurent souvent maille à partir avec la justice. Ce journal vécut, pourtant ; il alla jusque dans les châteaux, où il va encore. Les « trois hommes d’État » du Charivari, Louis Desnoyers, Altaroche et Albert Clerc, amusèrent les partis anti-philippistes.

La Caricature était un recueil plus violent, plus implacable, d’entrain endiablé, auquel collaboraient Balzac, Alphonse Karr, Léon Gozlan, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Taxile Delord, et, qui le croirait ? notre ami Emmanuel Gonzalès, l’excellent délégué actuel de la Société des gens de lettres. Gonzalès y écrivait sous la rubrique : Les Grelots de Paris. La Caricature fut tuée par le pouvoir. Elle est rarissime aujourd’hui.

Philipon a laissé des traces dans l’histoire du journalisme et de l’esprit français. On lui doit le Journal pour rire, devenu Journal amusant, le Musée pour rire et le Musée anglo-français. Il a fait époque.