Page:Chamberlain - La Genèse du XIXe siècle, tome 1.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2 Introduction Générale Or l’individu paraît, à certain égard, mieux qualifié pour une telle entreprise que n’importe quelle association, fûtelle composée des plus éminents spécialistes seul, en effet, l’individu est capable de création homogène ; cet avantage, qui lui appartient à défaut de tout autre, il doit savoir l’utiliser. L’art ne se peut manifester qu’intégralement, par des oeuvres dont chacune est complète et se suffit à elle-même la science au contraire, non moins nécessairement, n’est jamais que fragment. L’art unifie, la science dissocie. Tandis que l’art confère une forme, la science démembre les formes. On pourrait dire de l’homme de science qu’il occupe un lieu extérieur au monde, comme le point imaginaire d’Archimède c’est là sa grandeur, ce que l’on nomme son « objectivité) !; mais c’est aussi ce qui fait son évidente faiblesse car dès l’instant qu’il quitte le domaine de l’observation pure et simple pour réduire la multiplicité de l’expérience à l’unité de la représentation et du concept, il rencontre le vide et, en vérité, ne s’y tient plus suspendu qu’aux fils de l’abstraction. L’artiste, lui, réside au centre du monde (ou de ce qu’il conçoit comme tel) ; et sur tout ce qu’atteignent ses sens s’étend aussi l’empire de sa faculté créatrice, car celle-ci n’est que le mode de réaction le plus vif de son individualité à l’égard du milieu qui l’impressionne. Comment, dès lors, lui ferait-on grief de sa «subjectivité » ? Il y trouve la condition essentielle de sa production. Dans le cas donné, toutefois, il s’agit d’un sujet historiquement circonscrit entre des limites précises, et qui sont nxées à jamais. Tout travestissement de la vérité serait ridicule, tout arbitraire intolérable. Aussi l’auteur ne saurait-il dire avec Michel-Ange m pM<ra od in <x :M<K~o /og’Ho che M.MHc ! ~a dentro, et e~ cio e7t’M ~ogrHo « en cette pierre ou cette feuille blanche « qui ne contiennent rien, gît cela que je veux » »