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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Bien au contraire, il devra prendre pour règle le respect absolu des faits. Artiste il ne pourra être à la manière du génie librement créateur, mais seulement dans le sens restreint d’un recours aux méthodes de l’art donnant une forme, mais à ce qui est, non point à ce que son imagination s’aviserait de lui suggérer. La philosophie de l’histoire est un désert, le roman historique une maison de fous. C’est pourquoi l’on exigera de ce constructeur de formes, avec la rigueur d’un esprit positif, la plus scrupuleuse conscience scientifique. Avant d’opiner, il lui faudra savoir ; avant de construire, éprouver ses matériaux. Il n’aura garde de se croire maître, étant serviteur le serviteur de la vérité. Ces remarques suffiront pour renseigner le lecteur sur les principes généraux qui ont présidé à l’élaboration du pré- ° sent ouvrage. Et maintenant il quittera volontiers les hauteurs vertigineuses de la spéculation philosophique, et souffrira que l’auteur s’explique sur l’exécution pratique de son dessein. Si, dans tous les cas de cet ordre, la mise en œuvre des matériaux disponibles est la seule tâche que puisse sans présomption s’assigner un individu agissant isolément, comment s’y devait-il prendre, en ce cas particulier, pour remplir son rôle de « configurateur » ?

LE DIX-NEUVIÈME SIÈCLE ! Ce sujet paraît inépuisable ; il l’est réellement. Ce n’est qu’à condition de l’étendre encore que l’on a pu le réduire en livre affirmation paradoxale, vraie néanmoins. Quand notre regard s’est reposé longtemps et avec amour sur le passé ce passé duquel est sorti, au prix de tant de douleurs, le présent quand l’impression vive des grands faits historiques a suscité dans notre cœur maints sentiments violemment contradictoires touchant l’heure actuelle espoir et crainte, horreur et enthousiasme, c’est-à-dire autant de pressentiments d’un avenir qui doit être NOTRE ouvrage, qui doit porter NOTRE empreinte, et que nous prévoyons et que nous préparons avec une ardeur inquiète alors l’immense, le complexe dix-neuvième siècle semble décroître sous nos yeux et devient presque insignifiant. Nous