Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/158

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car le Dresdner Morgenblatt für Unterhaltung und Belehrung constate, dans son numéro du 18 juin 1848, que son discours avait mis Wagner « en délicatesse » avec toutes les opinions et tous les partis. Il n’a jamais pu être un vrai démocrate, parce que, comme il le dit lui-même, l’idée démocratique n’est absolument pas allemande : « En Allemagne, la démocratie est un être de pure traduction ».

Wagner était-il peut-être socialiste ? On a prétendu qu’il l’aurait été, au moins passagèrement, au temps de la Révolution : mais cette fable tombe devant les propres paroles du maître. Dans le discours cité, il taxe le communisme de « doctrine absurde et inepte » et, s’adressant à ceux des membres de l’Association patriotique qui penchaient vers le socialisme : « Ne voulez-vous donc pas avouer », s’écrie-t-il, « que dans cette idée d’un partage égal des biens et des profits, il n’y a qu’une tentative irréfléchie pour résoudre un problème posé, d’ailleurs, à bon droit, tentative que son impossibilité pratique condamne à demeurer mortnée ? » On ne saurait parler plus clair ! En 1849, Wagner constate ce fait que les hommes « sont égarés par les prétendues théories des doctrinaires du socialisme ». Dans Opéra et Drame (1851), il dit que « le socialiste s’acharne à de stériles systèmes ». Bref, on peut affirmer avec certitude que le socialisme, en tant que parti politique, n’a jamais eu ses sympathies. Comment l’artiste eût-il jamais pu s’enthousiasmer pour l’embourgeoisement du peuple, cet idéal d’un Lassalle ou d’un Marx ?

Il n’est pas douteux, par contre, que Wagner ne partageait point les terreurs que le seul mot de socialisme inspire à beaucoup de braves gens pour qui « l’ordre et la tranquillité, même au prix d’un crime