Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/363

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qu’il a dit que la « pensée est la plus haute activité de l’homme artistique » ; toutes ses œuvres sont grosses de pensée, et il serait attrayant de montrer, en analysant ses drames, comment, grâce à la coopération de la musique, la pensée n’y parle pas seulement à l’intelligence, mais entre, en quelque sorte, dans le monde des sens, pour y devenir matière artistique. Mais cette pensée n’est point spécifiquement philosophique, et ne saurait en aucun cas être taxée de l’être. Qu’on veuille considérer de près Tristan et Iseult ; le désir amoureux, comme le désir de la mort, sont des mouvements directement contraires à l’éthique de Schopenhauer, puisque tous deux impliquent incontestablement l’affirmation de la volonté. Quiconque suit attentivement le drame, doit se convaincre, et son cœur même doit le lui montrer, qu’une seule aspiration gonfle le sein des deux héros, à savoir l’espoir de la mort ! Pour eux la mort et l’amour sont frère et sœur, comme Siegmund et Sieglinde. Ce n’est point là de la philosophie, c’est de la profonde et poignante poésie, que non point la raison, mais le cœur seul peut comprendre.

Oui, certes, ce n’est ici ni le pessimisme, ni l’optimisme, mais bien l’amour seul qui parle, l’amour tel que si peu de nous l’ont connu, et cet attrait de la mort, qui comme un ange de rédemption aux ailes étendues, plane sur nos têtes à tous !


IV. — Parsifal


Lorsque nous lisons dans Lessing : « Éveiller la pitié, voilà le seul dessein de la scène tragique », nous pouvons bien être tentés de désigner Parsifal comme le drame des drames. D’un bout à l’autre de cette