Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/386

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existant, car je ne veux pas qu’on représente une œuvre comme la mienne entre Martha et le Prophète, écrit Wagner en 1855, à Fischer ; il faut que les frais de cette fête se règlent d’une manière quelconque ; ni l’auteur ni les coopérateurs ne doivent en battre monnaie ou en retirer un profit pécuniaire, et tous les vrais amis de l’art doivent y avoir leur libres entrées. » Plus clairement encore Wagner s’exprime sur cette idée première des Festspiele, dans une lettre à Uhlig : « Si jamais je pouvais disposer de 10000 thalers, voici ce que je ferais : ici, à Zurich, où je me trouve actuellement et où il y a beaucoup de bois, je ferais ériger, sur quelque belle prairie près de la ville, et à mon idée, un théâtre provisoire en poutres et en planches ; je n’y installerais que les décors et les machines nécessaires à la représentation de mon Siegfried. Puis j’inviterais à venir passer six semaines à Zurich des chanteurs choisis parmi les plus propres à le jouer. De la même façon, je convoquerais mon orchestre volontaire. Dès le nouvel an, invitations et demandes seraient adressées à tous les amis du drame musical par tous les journaux d’Allemagne, les conviant à assister à la solennité dramatique et musicale ; quiconque s’annoncerait et consentirait à venir à Zurich, aurait son entrée assurée. De plus, j’y inviterais la jeunesse de l’endroit, Universités, Sociétés de chant, etc. Une fois tout réglé, je ferais ainsi représenter Siegfried, trois fois dans la même semaine : après la troisième représentation, le théâtre serait démoli, et ma partition brûlée. Aux gens à qui l’affaire aurait plu, je dirais : Allez et faites de même ! Seulement j’ajouterais : « Si vous voulez encore entendre de moi quelque chose de nouveau, trouvez l’argent vous-mêmes. » Et à présent, te fais-je assez l’effet d’un fou ? Cela se peut,