Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/47

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Planer, dut reprendre sa vie vagabonde. Nommé chef d’orchestre au théâtre de Riga, il y resta d’août 1837 jusqu’à la fin de juin 1839, époque où la retraite du directeur entraîna la sienne.

À Riga, pour la première fois, Wagner put enfin se donner à une activité soutenue, sur une scène qui fonctionnait dans des conditions normales. Le principe que quarante ans plus tard, à Bayreuth, il devait proclamer plus haut que tous les autres, était le sien dès cette époque : au lieu de l’à-peu-près partout en usage, il visait à la perfection dans l’exécution. Le directeur du théâtre s’en plaignait déjà : « Wagner », écrit-il, « tourmentait mon personnel de répétitions interminables ; rien, pour lui, n’était assez bien rendu, assez finement nuancé ! » Il n’est d’ailleurs pas sans intérêt de remarquer que, sous la direction de Wagner, et au point de vue du nombre des représentations, Mozart tint le premier rang, que le Joseph de Méhul fut étudié avec un zèle infini et obtint, comme Les Deux Journées de Cherubini, un éclatant succès. Ce sont les maîtres de l’école française, Méhul, Cherubini et Spontini, que Wagner range, aux côtés de Gluck et de Mozart, parmi « les étoiles qui brillent solitaires sur la mer désolée de la musique d’opéra ». Et celui qui ne connaît de Wagner que les caricatures qu’on s’est appliqué à donner comme des portraits de lui et de ses idées, sera bien étonné d’apprendre qu’il a lui-même pris la plume pour défendre, dans les journaux de Riga, la Norma de Bellini contre les attaques de détracteurs entichés de teutonisme : « Peut-être », écrivait-il, « n’est-ce pas un péché que d’insérer dans sa prière du soir une pétition au Ciel pour qu’il inspire enfin aux compositeurs allemands de pareilles mélodies, et qu’il leur révèle une égale maîtrise dans l’art de traiter le