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pays, avec ses compatriotes de tous parages, du Main à la Duna : et ainsi il rassembla les éléments d’une connaissance profonde de ce qui faisait la physionomie et le caractère de sa race.


3. — 1839-1842.


Wagner séjourna à Paris depuis septembre de l’année 1839 jusqu’en avril 1842.

Là, toutes ses espérances furent déçues : ni les recommandations de Meyerbeer[1] au directeur du Grand-Opéra et à d’autres notabilités, ni ses visites à Scribe, ni les rapports qu’il noua avec Halévy, Berlioz, Habeneck, Vieuxtemps, avec d’autres encore, ni la protection prétendue de l’éditeur Schlesinger, rien en un mot ne suffit à lui ouvrir l’accès de la grande scène parisienne. Après de pénibles négociations, qui se prolongèrent pendant deux années, tout ce qu’il obtint de la direction fut l’offre d’une misérable indemnité de cinq cents francs, pour le dédommager, soi-disant, de ce que, sans son consentement, on avait remis à un obscur compositeur le projet de livret du Vaisseau-Fantôme, pour le mettre en musique à sa façon ! Un moment, il sembla qu’il allait avoir plus de chance avec

  1. À cette époque, Wagner croyait fermement à l’intérêt que Meyerbeer disait lui porter, — ses lettres, débordantes de reconnaissance, le prouvent ; — ce ne fut que plus tard qu’il put se convaincre que toute cette complaisance avait été « artificielle, de mince valeur, et sans résultat » ; aujourd’hui, nous sommes en droit de trouver cette appréciation encore trop indulgente. « Il est absolument prouvé, nous dit M. Glasenapp, que Meyerbeer n’a, de fait, adressé Wagner que là où il prévoyait avec certitude que, pour diverses raisons, personnelles ou autres, sa recommandation resterait sans résultat pratique. »