l’insurrection contre toute l’organisation sociale qui îa détermine et la conditionne ; d’où il résulte que les opinions « révolutionnaires » qu’on a reprochées à Wagner reposent sur une base, non pas politique, mais artistique. Comme il le dit lui-même : « C’est l’amour, non l’envie ou le dépit, qui a fait de moi un révolté ! » Si Wagner fut révolutionnaire, ce ne fut pas en 1848 qu’il le devint, puisqu’il l’était dès 1840. La révolution politique l’emporta avec elle, non pas qu’il lui appartînt réellement, mais parce que lui-même, comme ses adversaires à son égard, se laissèrent momentanément tromper par les apparences. Ce fut l’artiste, le dramaturge, qui seul, en lui, fut l’insurgé : après avoir appris à connaître les scènes des grandes et des petites villes de sa patrie, où régnait la plus écœurante médiocrité, il était parti pour Paris, alors la capitale incontestée de l’art, le centre d’où l’Allemagne entière attendait le mot d’ordre ; et là qu’avait-il trouvé ? Une sentine d’immoralité, où tout ce qu’il tenait pour sacré n’était que matière à brocantage ; il dut bien s’avouer que « tout l’échafaudage artistique, tel que le monde l’a élevé, ne lui inspirait, à lui, que mépris et dégoût. Dès lors, son attitude, vis-à-vis du théâtre moderne tout entier, était prise, et bien prise. Sans doute, sous la pression des circonstances et du besoin, il lui arriva encore de travailler pour ce théâtre, il essaya même d’y porter une influence réformatrice ; mais on peut affirmer que lorsque, en 1849, il se détourna définitivement de l’art courant, officiel, et tourna même le dos, comme il le dit, à ce monde entier qui l’emportait sur lui, il ne faisait qu’arriver au point où devait fatalement le conduire la conviction acquise en 1840, achever ce qu’il avait alors commencé.
Nous venons de signaler la plus importante conséquence