qu’eut pour Wagner son séjour à Paris. En voici deux autres, toutefois, qui méritent bien une mention spéciale.
Ce fut à Paris que Wagner put se convaincre de l’effet inestimable de cette correction et de cette perfection, dans l’exécution des œuvres musicales et dramatiques, que lui-même, nous l’avons vu, s’était efforcé d’obtenir à Riga et ailleurs ; et ce fut encore à Paris que Wagner prit vraiment conscience de ce qui est allemand, par contraste avec ce qui ne l’est pas.
Le public français est bien plus exigeant que le publio allemand, en fait de perfection technique. Il possède un sentiment des nuances qui s’étend aux moindres détails. L’exécution de la Neuvième Symphonie au Conservatoire, après trois ans de préparation, l’interprétation parfaite des quatuors de Beethoven, la méthode suivie au Grand-Opéra pour l’étude des pièces en répétition, méthode laborieuse, méticuleuse, s’attardant au souci constant du détail, voilà ce qui, à Paris, fut pour Wagner comme une révélation de ce que lui-même avait rêvé, voilà ce dont encore aujourd’hui on retrouve l’écho à Bayreuth, où le réalisme français se marie à l’idéalisme allemand, et acquiert, dans cette fusion intime, sa véritable signification. Cette expérience positive, que Wagner fit à Paris, fut de première importance pour toute sa carrière. Et une autre expérience, de nature négative, ne le fut pas moins.
Quand il partit pour Paris, le jeune maître s’imaginait pouvoir composer sa musique sur des textes français. Mozart déjà avait dû renoncer à cette entreprise : « C’est le diable », s’écriait-il, « qui doit avoir imaginé cette langue ! » Mais pour Wagner surtout, chez qui la création musicale était inséparable de la création poétique, chez qui les sons et la parole ne fai-