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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/107

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FOXTEVRAULT 8l

prendre pour faire la guerre aux soldats dans les rues, opération qui présente des difficultés ici, car les rues sont larges et n'ont pas de pavés. Il ajoutait : d'ici a dix ans, nous ferons l'essai des barricades que j'ai inventées. Il y a cinq ans on aurait regardé comme fou un homme qui aurait parlé contre le droit d'aînesse. Babbage le mathé- maticien vient de faire contre une brochure qui a un grand succès. Brougham en lait de sanglantes contre la chambre des Lords. Je ne vois que comtesses et ladies se disant : comment pourrons nous vivre quand viendra la Révolution ? J'en connais une qui veut apprendre à sa fille à faire des modes en cas. Je leur dis qu'elles n'ont qu'à venir à Paris et que je leur trouverai des écoliers pour des leçons de langue. Je trouve ce rapport entre ce temps ci et 1789, que les gens qui ont le plus à perdre à une révolution sont ceux qui y poussent avec le plus d'ardeur. Je connais un membre du Parlement qui a dix huit mille louis de rente qui est plus chaud que Cabet. L'autre jour j'ai assisté à une réunion radicale pour for- mer une association nationale contre les conservateurs. C'est le pendant des Jacobins. Les inventeurs sont tous très riches, beaucoup nobles, fils aînés, etc. Je leur dis qu'ils vont ouvrir le chemin à des garçons drapiers et épiciers qui auront plus d'éloquence ou de blague qu'eux et qui les feront guillotiner. A quoi ils répondent que cela ne fait rien, et que dans une aussi noble cause il est beau de sceller de son sang, etc. continuez dans le goût des morts de Marathon.

« J'attends votre lettre pour voir M. Cooper. On veut m'examiner devant le Parlement pour une enquête sur les musées. Je n'ai pas encore promis de me laisser faire.

Ciiambon. — Prospcr Mérimée. 6