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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/181

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VOYAGE EX GRÈCE I 5 5

moi encore si je puis aller d'Albanie à Corfou sans subir de quarantaine, et si quarantaine il y a, de combien de jours. Je serai enchanté de vous serrer la main en passant, et si la chose est possible en trois mois vous me verrez certainement dans vos domaines. Mais il faut que je soyc le 30 novembre au plus tard à Venise. Dans le cas où je partirais, je vous prierai de me donner quelques lettres de recommandation soit à Marseille, soit à Athènes, mais je vous écrirai d'ici là. Je me suis remis au grec moderne à tout hasard. Je le pioche fort et ferme, mais je doute que j'en apprenne assez pour demander jamais mon che- min. Je lis la comédie de JacorakisRhizos 'II xopocxisrixà. Il va beaucoup de dialectes différents qui se ressemblent comme le picard et le provençal, et ce ne doit pas être une petite affaire que d'entendre les muletiers et les âniers grecs à qui on a dans tout pays quantité de choses à dire. Je n'ai jamais pu me procurer ici le dictionnaire français grec de Zalick Ogloud et pour me mettre des mots dans la tête j'ai pris le parti d'apprendre par cœur beaucoup de chants grecs. On me dit que vous colligcz les poésies albanaises. Vous devriez bien vous dévouer et apprendre cette diable de langue. Vous mériteriez bien de toutes les Académies. Je pars dans quelques jours pour ma tournée officielle, et je n'ai pas maintenant le temps de vous traduire les passages de J. César qui se rapportent au siège de Dyrrachium. Je vous les enverrai avec un commentaire, ou plutôt vous ferez le commen- taire sur les points incertains que je vous indiquerai '.

1. Ces renseignements, Mérimée ne les envoya que dix-huit mois après. Cf. lettre à Grasset du 21 janvier 1843, dans Intermédiaire dt cheurs et curieux du 10 octobre 1892, col. 395.