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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/201

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LA MORT DE SHARPE 175

Quelques jours après Mérimée écrivait à H. Royer- Collard :

Ministère « Paris, le [26 janvier] 184(3]

de l'Intérieur

« Mon cher ami, j'allais vous écrire lorsque j'ai reçu votre lettre. J'ai vu hier lord Brougham », avec qui j'ai causé de Sharpe. Il m'a dit que son état était toujours très grave, que l'intelligence avait été attaquée et qu'il ne pourrait jamais reparaître au barreau 2 . Lord Brou- gham tenait ces nouvelles de son frère M. Brou°;ham et la lettre était du milieu de janvier. Comme Sharpe ne voit personne il est évident que ce ne sont que des oui- dire. Mais n'êtes-vous pas surpris de cette longue réclu- sion ? Ne pensez-vous pas qu'il est étrange qu'on ne l'ait pas encore emmené à la campagne? Il faut ce me semble qu'on ne puisse encore le transporter, autrement pourquoi le laisser au milieu du brouillard et de la fumée de Lin- coln's Inn ? Je n'ose pas trop écrire à M. Samuel Sharpe et je soupçonne en outre qu'il ne me dira pas toute la vérité. Lord Brougham m'a dit qu'on attribuait la ma- ladie de Sharpe aux excès dans lesquels ses amis de Paris

1. Mérimée était assez bien avec lord Brougham. Voici un billet de ce dernier à lui adressé : « Cher Confrère, voulez-vous me donner encore 2 mots pour me faire voir la S tc Chapelle, car mon frère m'a quitté avec votre 1" billet. — H. Brougham. »

2. Le 21 janvier, Mérimée avait écrit à Grasset : « Sharpe a été fort malade... Son frère m'écrit qu'il va beaucoup mieux, que la convales- cence sera longue, mais assurée. Il attribue à des excès de travail cette attaque. Je crains que d'autres excès n'en soient la cause. Il faudra qu'il devienne un peu plus sage. » (Intermédiaire du 10 octobre 1892, col. 396.)