,lS NOTES SUR PROSPER MÉRIMÉE
que la rédaction tout entière de la Revue archéologique vient de se retirer. Nous comprenons cette honorable susceptibilité. » Ces assertions constituent tout simple- ment un mensonge... S'il devenait nécessaire de donner un démenti plus formel à l'anonyme de la feuille hebdo- madaire, nous ferions connaître une lettre qui nous a été effectivement adressée et le nombre vrai des signatures qu'elle porte et doit conserver. Nous croyons jusqu'à pré- sent devoir nous abstenir, par un sentiment que tout le monde comprendra, nous l'espérons. »
D'après Vielcastel, « l'impératrice avait demandé Méri- mée pour secrétaire, l'empereur a refusé. La moralité de Mérimée qui se vante de la mort profondément irréli- gieuse de sa mère et qui n'est pas baptisé a semblé trop peu édifiante l ».
Quoi qu'il en soit, Mérimée n'en était pas moins bien en cour, et au mois de juin, on lui proposait la place de sénateur. « Je suis mortellement embêté, écrivait-il à un de ses amis, j'ai supplié notre amie de détourner de moi ce calice, mais j'ai peu d'espoir. Pourtant je compte un peu sur le grand nombre de poissons qui se jettent vo- lontairement dans la nasse, et qui feront peut-être négli- ger l'humble goujon qui se cache entre les roseaux... Je me sens vieilli de dix ans 2 . » Et le jeudi soir 23 juin, il lui disait en lui apprenant que sa nomination était un fait accompli : « ...la tuile m'est tombée il y a une heure... Vous dire que je sois fâché de la chose, ce serait mentir ; content, non... J'ai déjà vu tant de vilains côtés de la nature humaine que je n'avais ni besoin, ni envie d'en-
1. H. de Vielcastel, II, 135 [6 février 1853].
2. Lettre inédite, à M. de Lagrené, mardi soir.
