Aller au contenu

Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

î 1

MU ES SI R PROSPEE MÉRIMÉE

conseil que vous me demande/. Il a la réputation d'un homme habile et ferme, deux qualités rares dans notre temps et dans noire pays. Je le crois très apprécié par l'Empereur, mais je ne sais pas comment il est avec le Ministre des Affaires Étrangères. Ce point est assez important dans la question qui vous intéresse. S'il a envie de vous avoir près de lui, je ne doute pas qu'il ne l'obtienne, d'abord parce que cela ne peut se refuser à un ambassadeur, en second lieu parce que vous laisseriez vacant un poste qui serait plus recherché, je pense, que celui qu'on vous donnerait. Mais il faudrait bien prendre garde de ne pas troquer votre cheval boiteux pour un borgne. A mon avis vous ne devez quitter Corfou que pour avoir un consulat général, ou tout au moins un con- sulat mieux rétribué et dans un pays honnête où vous pourriez mener une vie agréable. Si vous convenez de tout cela avec M. Th., c'est à merveille. Si au contraire vous le laissez agir en vous en rapportant à lui, vous ris- quez de perdre au marché, ou de mécontenter M. Th., de mécontenter les bureaux du Ministère et de passer pour un homme impossible à contenter. Mon avis serait donc de vous expliquer de la manière la plus franche avec M. Th., de lui exposer bien nettement ce que vous voulez et de le laisser agir ensuite dès que vous serez convenu de vos faits.

« Je suis ici depuis une vingtaine de jours, et je n'ai pas besoin de vous dire que l'envie d'aller vous faire une visite m'est venue plus d'une fois. Je suis ici avec les deux dames anglaises que vous avez vues souvent chez moi, et probablement si j'avais été seul, je serais allé vous serrer la main et voir le pays du bon roi Alcinoùs. Je