Aller au contenu

Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/402

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

$j6 NOTES SI R PROSPER MÉRIMÉE

pas de géant. Je souhaite qu'elle vous soit douce, mais c'est au fond une triste chose. Lorsqu'on n'a jamais eu d'ambition, qu'est-ce que la vie? Le Prince Impérial a dit l'autre jour un assez joli mot pour un moutard de six ans. On venait de lui faire prendre un bain de mer, et, assez bêtement à mon avis, on l'avait mis la tête la première sous la vague. On lui reprochait d'avoir peur de la mer, tandis qu'il n'avait pas peur du canon. C'est dit-il qu'on commande au canon et qu'on ne peut commander à la mer. Adieu, mon cher ami, portez-vous bien. Tenez-vous en joie si vous pouvez. Il me semble par votre lettre que vous aviez à vous plaindre d'une Ionienne. Je ne vous ai pas remercié d'une char- mante broderie albanaise qui fait mourir d'envie toutes les femmes à qui je l'ai montrée. Adieu encore, je pense être ici pour une semaine entière, puis à Paris jusque vers le milieu de novembre. J'irai à Cannes cet hiver. Mille amitiés. »

(Sans signature.)

Mérimée ne fit pas long feu à Paris, car aussitôt rentré chez lui il fut invité à Compiègne, d'où il écrivait à Madame Lenormant :

« Compiègne, 22 nov. [1861 ].

« Madame,

« J'ai remis hier à l'Empereur la brochure de M. Le- normant. Il l'a lue et approuvée. Il n'est peut-être pas fort en linguistique pour apprécier les arguments de M. Lenormant tirés de l'étymologie des noms gaulois, mais il a été charmé d'y trouver les confirmations du