Aller au contenu

Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VI INTRIGUES ACADÉMIQUES .

Depuis longtemps Mérimée désirait faire partie du Journal des Savants. Il s'était très galamment effacé devant Barthélémy Saint-Hilaire 2 ; aussi, en 1862, Cousin le proposa-t-il et il fut accepté. Dans une lettre inédite 3 à Lebrun, du 11 mars 1862, Cousin disait : « Eh bien, ai- je sauvé le Journal des Savants d'une assez grave bour-

1. Mérimée s'intéressait beaucoup aux questions académiques; on peut en juger par la lettre inédite suivante adressée par lui à Lebrun ;

« Mon cher Confrère,

« J'ai vu ce soir Mignet qui m'a parlé de projets contre l'Institut qui ne peuvent manquer de tout désorganiser. On prétend qu'on veut empê- cher qu'un académicien n'appartienne à deux académies, et ce dans un temps où la matière éligible est ce que vous savez! On dit bien d'autres choses encore. Ne croyez-vous pas qu'il serait de notre devoir à nous deux qui ne sommes pas soupçonnés de faire de épigrammes, d'aller chez le Ministre et de lui en dire notre avis? Je vais demain à Passy pour l'enterrement de ce pauvre M. Delessert. Voulez-vous qu'à 4 h. ou 4 h. 1/2 j'aille chez vous pour de là aller chez le Ministre? ou si vous trouvez quelque chose de mieux, veuillez m'en faire part.

« Veuillez, etc.

« P r Mérimée. »

2. Barth. St-Hilaire, Victor Cousin, sa Vie et sa Correspondance, I, il, et Lettres inédites de Mérimée, p. lxvii.

3. Bibl. Mazarine, loc. cit., VIII, 3. Dans cette lettre, Cousin donnait son appréciation sur les candidats à l'Académie française. Il qualifiait Doucet de « commis sans talent », auquel il préférait Feuillet « homme d'esprit, homme aimable », ou Autran « qui a de l'indépendance, quelque talent et le goût désintéressé des lettres. »