J94 NOTES SUR PROSPER MÉRIMÉE
Mérimée apprit le succès de la pièce en Espagne; il écrivit aussitôt à un de ses amis (Charles Giraud?) :
« Madrid, 6 novembre 1864. « Mon cher ami,
« Je savais déjà par les journaux le triomphe de notre ami. Je lui ai écrit avant hier, mais faute de savoir son adresse, j'ai envoyé ma lettre à l'Institut. D'après ce que vous me dites c'est un bon et solide succès. J'avais bonne, très bonne opinion de l'ouvrage, mais mauvaise du public; je craignais les dévots et les honnêtes gens. Heu- reusement ils sont en minorité à ce qu'il parait... «
« Je suis ici pour 8 jours encore. Nous avons eu un temps affreux et des malades nous ont retenus à Caraban- chel plus que nous ne voulions. Jusqu'à présent je ne me suis pas porté trop mal à quelques rhumes près. Pro- bablement je serai à Cannes le 20 de ce mois si les inon- dations n'ont pas détruit tous les chemins de fer. Après 10 jours de pluie nous avons aujourd'hui un temps de juin. [Tout est dans l'agitation pour les élections. Les progressistes, c'est-à-dire les rouges s'abstiennent. L'union libérale, c.-à-d. M r Thiers et ses amis minent en dessous Narvaez et, s'ils le culbutent, ils seront pendus par la Ré- publique qui a beaucoup plus de partisans ici qu'on ne le croit, sans parler de 15.000 français, bottiers, perru- quiers, cuisiniers, etc., la fleur des drôles qui un jour d'émeute se distinguent entre tous 2 .]
« Cette charmante personne que Penguilly admirait a
r. Ici neuf lignes relatives à un buste « à longs cheveux. » 2. Tout ce passage a été publié dans nos Lettres inédites de P. M., p. 144, à la note.
