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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/469

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LA MORT DE MÉRIMÉE 443

des années. Parmi les romanciers et les poètes, il en est qui appartiennent à la race des architectes et d'autres à celles des joailliers. Mérimée était de ceux-ci. Rien n'égale la perfection de ses Nouvelles où la place de chaque mot a été longuement calculée. Je relisais ces jours der- niers Colomba et désespérais d'y trouver une tache. Ces aimables ciselures resteront comme un des ouvrages les plus achevés du siècle. Le souffle manquait à leur auteur, et la fécondité. Il avait la pénétration, la finesse, l'esprit d'observation. C'était, pour certains côtés, un Meissonier « très réussi », et il ne fallait d'ailleurs lui demander ni l'élévation, ni la profondeur. Il aimait les études archéo- logiques et sut s'y complaire assez pour faire avancer cette science, qui marche encore d'un pas si lent. Remercions- le de ces progrès qui lui sont dus, et gardons son souve- nir, comme celui d'un homme aimable qui possédait parfaitement l'art d'écrire et ne dédaignait pas, à ses heures, de s'occuper du passé. On le remplacera plus difficilement à l'Académie française qu'à l'Académie des Inscriptions. Je ne dis pas que ce soit là une critique, ni un éloge l . »

Mérimée fut « enterré dans un cimetière anglais, cor- rect, propre et froid, tout en marbre blanc. Sa stèle funé- raire se dresse sous les grands pins, dans la solitude et le silence, sans autre inscription que les dates de sa nais- sance et de sa mort. Comme un chien fidèle auprès de son maître, l'une de ses deux anglaises, miss Lagden, repose près de lui 2 ».

i. Revue des Questions historiques, JX (1870), 502 [paru en mars 1871]. 2. G. Larroumet, Un évadé du romantisme. Article du 22 janvier 1X9- reproduit dans Petits portraits et notes d'art, II (1900), 127-54.