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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/64

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3$ NOTES SUR PROSPER MÉRIMÉE

ce qui vaut le mieux un restaurant inappréciable. Le

club i dont le revenu est bon an, mal an de 500.000 fr. perd environ un tiers sur le prix des diners. Le vin est excellent et ne coûte pas la moitié de ce qu'il vaudrait chez un restaurateur. 11 manque pourtant une chambre où l'on puisse fumer. Mais à deux pas on trouve un cigar-divan; c'est une chambre de 50 pieds de haut magnifiquement meublée avec des canapés élastiques recouverts de damas, des bergères à oreilles, etc., une tasse de café et un cigarre coûtant un shilling. Il n'y manque que M lle Marguerite pour en faire un endroit délicieux. Les élections m'ont désappointé. Tout se passe très paisiblement. Le Ministère a une majorité écrasante. J'ai vu quelques élections mais cela ne valait pas la peine de faire le voyage. Ce qui vaut mieux, c'est la vie que nous menons, flânant du matin au soir, nous couchant à quatre heures, nous levant à midi, mangeant de la venaison et des grouses, racrochant de superbes femmes et leur apprenant les manières françaises. J'ai trouvé le Prince charmant. On me dit qu'il me fait des coquetteries. Je ne sais si cela est vrai, mais je suis tout séduit. M me de D. m'a paru noire comme le cul du diable, et puis elle a une mauvaise santé, des maux de nerfs, et je hais les femmes souffrantes. Les anglais ici sont à plat

1. Dans une lettre du 21 mai 1833 à M. Allart (4 pages in-4 ), Méri- mée faisait une description de l'Athenceum Club. « Les femmes sont enragées contre les clubs. Les maris y sont sûrs de trouver à qui parler, et laissent leurs moitiés se morfondre au coin de leur feu en tête à tête avec leur bouilloire. » Il parlait aussi politique, et voyait des « symptômes non équivoques d'une crise violente qui transmettra le pouvoir entre les mains des classes moyennes ». (Catalogue Lavcrdet, 20 avril 1855, n° 1023).