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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/67

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LA LIAISON AVEC GEORGE SAND 4I

Nous ne savons pas davantage s'ils se rencontrèrent souvent de 1829 à 1833; mais G. Sand était embarquée dans une passion connue, et si elle vit Mérimée ce ne dût être que dans le monde.

M. de Pontmartin ' a raconté que Mérimée avait fait la conquête de G. Sand en portant sur son épaule la petite Solange endormie, un soir d'Opéra. G. Sand dans une lettre à Sainte-Beuve 2 , explique comment eut lieu cette liaison.

Juillet 1833.

« ...Déjà très vieille, et encore un peu jeune, je voulais en finir avec cette lutte entre la veille et le lendemain ; je voulais arranger tout de suite ma vie comme elle devait l'être toujours. J'avais, comme tout le monde, des jours de volonté grave et de saine résignation ; mais, comme tout le monde, j'avais des jours d'inquiétude, de souffrance, d'ennui mortel. Ces jours-là j'étais si déplo- rablement sombre et chagrine que je désespérais de tout, et que, prête à m'aller noyer, je demandais au ciel avec angoisse s'il n'était pas sur terre un bonheur, un soula- gement, même un plaisir.

« ...Un de ces jours d'ennui et de désespoir, je ren- contrai un homme qui ne doutait de rien, un homme calme et fort, qui ne comprenait rien à ma nature et qui

1. Mes mémoires (Paris, Calmann Lévy, 1886), II, 66 (Cf. Lettres iné- dites de Prosper Mérimée, p. xx).

2. Publiée dans la Revue de Paris du 15 novembre 1896, p. 281. On la chercherait, du reste, en vain, dans les Lettres de G. Sand à Sainte- Beuve réunies en volume par la maison Calmann Lévy : c'est ce qui nous décide à la republier ici, avec l'autorisation de Madame Lina Sand.