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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/90

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b.\ NOTES SUR PROSPER MÉRIMÉE

vous adresser encore des rapports sur les monuments, à vous gens de lettres et de manuscrits qui ne nie donnez pas de Irais de route! Pourtant je ferai de mon mieux demain. Si le temps se met à la pluie comme il est probable, je tâcherai de vous rendre compte d'une statue fort étrange que j'ai vue à Vienne et qui infirme le to xaXàv des MM. des Inscriptions. J'envoie à Cave la liste des ouvrages accor- dés à la Bibliothèque du Musée et en retard. Je le prie de vous la communiquer. A demain les affaires sérieuses. Ce pays-ci est le paradis terrestre des montagnes, des arbres verts contre l'opinion reçue, des vues et des monu- ments magnifiques, avec des femmes de cinq pieds 4 pouces, droites comme des lames, propres, les bas bien tirés et souliers d'étoffe.

« Je crois que vous me trouverez diablement bête à mon retour. J'aurai bon besoin d'être retrempé dans le thé du café anglais. Au fait, la vie que je mène est abru- tissante. Quand je ne vais pas en voiture, je me lève à neuf heures, je déjeune et je donne audience aux biblio- thécaires, archivistes et autres espèces. Ils me mènent voir leurs masures. Si je dis qu'elles ne sont pas carlo- vingiennes on me regarde comme un scélérat et on ira cabaler auprès du député pour qu'il rogne mes appointe- ments. Pressé entre ma conscience et mon intérêt, je leur dis que leur monument est admirable et que rien dans le Nord ne peut y être comparé. Alors on m'invite à dîner, et on dit dans le journal du département que j'ai bougre- ment d'esprit. On me prie de déposer une pensée sublime sur un album. J'obéis en frémissant. Le soir on me reconduit à mon hôtel en cérémonie, ce qui m'empêche d'aller au vice. Je rentre excédé et je broche des notes,