Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/146

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Elle a joint sur son cœur ses mains fines et blanches
Et semble une statue en marbre précieux ;
Et le soleil couchant qui glisse sous les branches
À travers les vitraux la baise sur les yeux.

Elle ne peut sentir cette douce caresse :
L’heure de s’éveiller n’a pas encor sonné ;
Elle n’a point perçu la voix enchanteresse
Qui dira : « Lève-toi, le siècle est terminé ! »

Mais comme elle repose impassible et sereine,
Suivant un rêve d’or qui fuit dans le ciel pur
Et qui, depuis longtemps, la ravit et l’entraîne
Jusqu’à ces inconnus que recouvre l’azur.

Un cavalier s’en vient à travers les broussailles,
Jusque sous les hauts murs du palais enchanté :
Il voit devant ses pas s’écrouler les murailles,
Et pénètre sans peine en ce lieu redouté.

C’est un prince au pourpoint de velours vert très pâle,
Au visage plus beau que la clarté du jour,
Au grand chapeau chargé de rubis et d’opale,
Au regard plein de force et de vie et d’amour.