Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/147

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Il traverse la cour où d’énormes troncs d’arbres,
Renversés par le temps, gisent amoncelés,
Et gravit sans frayeur les hauts degrés de marbre
Que la pluie et la neige ont presque descellés.

Le long des corridors de grosses araignées
Qui dorment dans leurs rets tissés d’argent et d’or,
S’éveillant à demi regardent, étonnées,
Ce vivant qui pénètre au séjour de la mort.

Puis enfin il arrive à la salle où repose
Celle qu’il vient chercher dans le sombre palais ;
Il pousse vivement la porte à demi-close,
Où passent en dansant de lumineux reflets.

Il voit la jeune fille endormie et si belle,
Attendant l’inconnu qui vient pour l’épouser :
Plein d’une joie immense, il se penche vers elle,
Et sur sa main glacée il pose un long baiser.

Dans tout le vieux manoir une rumeur s’élève ;
Dans le grand bois s’éveille un doux gazouillement,
Et la jeune princesse enfin sort de son rêve,
Puis regarde autour d’elle avec étonnement.