Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/148

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Alors, dans les clartés pâles du jour qui tombe,
Elle voit l’étranger devant elle à genoux,
Et les yeux pleins encor de lueurs d’outre-tombe,
Elle lui tend les bras et murmure : « C’est vous ! »

La Belle au bois dormant qui, radieuse et pure,
Dut en son noir castel s’endormir pour longtemps,
N’est-ce pas ton image, ô superbe Nature ?
Et le beau fils de roi, c’est toi, joyeux Printemps !

C’est toi qui viens chercher la terre ensevelie
Sous les âpres linceuls des automnes glacés,
Qui lui rends son sourire et sa splendeur pâlie,
Et dis, en la baisant : « Oh ! renais, c’est assez ! »


Bevaix, 5 octobre 1881