Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/50

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Mais c’est aussi parfois l’instant plein de tristesses
Où l’homme, regrettant les jours évanouis,
Au seuil de l’inconnu tout rempli de promesses,
Sent des larmes au fond de ses yeux éblouis !…

Pareil au jeune oiseau qui doute de son aile
Et n’ose s’élancer hors du nid suspendu,
Il hésite devant cette route nouvelle
Qui s’ouvre devant lui pleine d’inattendu.

L’œil a beau ne rien voir de triste sur la route ;
Malgré le gai soleil, les oiseaux et les fleurs,
Le cœur parfois frissonne et dans le calme écoute
Une lointaine voix qui parle de malheur.


Je citerai enfin quelques strophes où l’on retrouve cette même évocation tranquille d’une pensée d’ordinaire pleine d’épouvante ; elles sont tirées d’un morceau intitulé le Chant du Cygne, où, par une curieuse rencontre, notre poëte soutient que les poëtes ont le pressentiment de leur mort ; quelques-uns même, dit-elle, l’ont annoncée dans un chant suprême :