Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/75

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Une scène farouche suit ces paroles : la mère veut être aimée — c’est-à-dire obéie — plus que le père ; elle reproche avec amertume à sa fille de consentir au sanglant sacrifice. Dans ce dialogue, il se trouve un vrai cri de cœur maternel, qui est en même temps un vrai mot de théâtre, saisissant dans sa concision familière :

MIRIAM.

 
Dieu veut que je périsse.

ZARÈS.

Dieu veut que je périsse. Et moi je ne veux pas.


Les imprécations de Zarès contre Jephté sont aussi d’un beau mouvement tragique. Enfin, à la dernière scène, au moment où l’on emmène la victime, la mère, presque résignée elle-même, pousse un cri pathétique à force de naturel :

 
Une minute encor. Laissez-moi mon enfant !
Oh ! le temps est si court pour l’embrasser encore !
Dieu puissant, tu le sais, j’obéis, je t’adore,
Mais tu pourras l’avoir durant l’éternité.