Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CHAMFORT. 22 )

tour , plus fréquent depuis quelques années , a cependant pris entre vos mains un nouveau de- gré d'intérêt. C'est que l'éloge de ceux qui ont illustré la littérature , est devenu par vous l'ins- truction de ceux qui la cultivent; c'est que, ban- nissant toute exagération, et proportionnant la louange au mérite , vous saisissez dans chaque écrivain le caractère marqué , le trait juste et pré- cis , les nuances principales qui le distinguent et qui déterminent sa place. Passionnés, comme il est juste , pour ce qui est unique ou du premier ordre , vous ne sollicitez plus l'admiration pour ce qui n'est qu'estimable , l'enthousiasme pour ce qui n'est qu'intéressant ; et sans vous écarter de cette bienveillance indulgente, qui pour vous est souvent un plaisir, toujours un devoir, une convenance ou un sentiment, vous avez dessiné d'une main sûre les proportions et les contours d'une statue , d'un buste , d'un por- trait : attention désormais indispensable , utile aux lettres, utile même à la mémoire de ceux dont la place paraît moins brillante ; car quicon- que exagère n'a rien dit, et celui qu'on ne croit pas n'a point loué.

C'est ce que je n'ai point à craindre dans le tribut que je dois à la mémoire de M. de Sainte- Palaye. On peut le louer avec la simplicité , et , pour ainsi dire, la modestie qui fut l'ornement de son caractère. La vérité suffit à sa mémoire.

Lorsque l'académicien que j'ai l'honneur do

�� �