Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/449

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l’homme, qui en a quelquefois assez peu ; et c’est ce qu’on appelle talent. Souvent ils ôtent de l’esprit à la pensée de celui qui a beaucoup d’esprit : et c’est la meilleure preuve de l’absence du talent pour les vers.

— La plupart des livres d’à présent ont l’air d’avoir été faits en un jour, avec des livres lus de la veille.

— Le bon goût, le tact et le bon ton, ont plus de rapport que n’affectent de le croire les gens de lettres. Le tact, c’est le bon goût appliqué au maintien et à la conduite ; le bon ton, c’est le bon goût appliqué aux discours et à la conversation.

— C’est une remarque excellente d’Aristote, dans sa rhétorique, que toute métaphore, fondée sur l’analogie, doit être également juste dans le sens renversé. Ainsi, l’on a dit de la vieillesse qu’elle est l’hiver de la vie ; renversez la métaphore et vous la trouverez également juste, en disant que l’hiver est la vieillesse de l’année.

— Pour être un grand homme dans les lettres, ou du moins opérer une révolution sensible, il faut, comme dans l’ordre politique, trouver tout préparé et naître à propos.

— Les grands seigneurs et les beaux-esprits, deux classes qui se recherchent mutuellement, veulent unir deux espèces d’hommes dont les uns font un peu plus de poussière et les autres un peu plus de bruit.