Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que beaucoup d’exemples autorisent cette pensée ; mais j’ai remarqué qu’on fait souvent cette réflexion, pour se dispenser d’honorer les vertus dont on trouve l’image dans les écrits d’un honnête homme.

— Un auteur, homme de goût, est, parmi ce public blasé, ce qu’une jeune femme est au milieu d’un cercle de vieux libertins.

— Peu de philosophie mène à mépriser l’érudition ; beaucoup de philosophie mène à l’estimer.

— Le travail du poète, et souvent de l’homme de lettres, lui est bien peu fructueux à lui-même ; et, de la part du public, il se trouve placé entre le grand merci et le va te promener. Sa fortune se réduit à jouir de lui-même et du temps,

— Le repos d’un écrivain qui a fait de bons ouvrages, est plus respecté du public que la fécondité active d’un auteur qui multiplie les ouvrages médiocres. C’est ainsi que le silence d’un homme connu pour bien parler, impose beaucoup plus que le bavardage d’un homme qui ne parle pas mal.

— À voir la composition de l’Académie française, on croirait qu’elle a pris pour devise ce vers de Lucrèce :

Certare ingenio, contendere nobilitate.

— L’honneur d’être de l’Académie française est