Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/71

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DE ClIA^lFORT. 4;

cet art de préparer, de fondre , comme sans des- sein , les incidens ; de généraliser des peintures locales ; de ménager au lecteur ces surprises qui font l'âme de la comédie ; d'animer ses récits par cette gaité de st} le , qui est une nuance du style comique , relevée par les grâces d'une poésie lé- gère qui se montre et disparait tour à tour ? Que dirai-je de cet art charmant de s'entretenir avec son lecteur, de se jouer de son sujet, de changer ses défauts en beautés, de plaisanter sur les objec- tions , sur les invraisemblances; talent d'un esprit supérieur à ses ouvrages , et sans lequel on de- meure trop souvent au-dessous ? Telle est la por- tion de sa gloire que La Fontaine voulait sacrifier ; et j'aurais essayé moi-même d'en dérober le sou- venir à mes juges, s'ils n'admiraient en hommes de goût ce qu'ils réprouvent par des motifs respectables , et si je n'étais forcé d'associer ses contes à ses apologues en m'arrétant sur le style de cet immortel écrivain.

SECONDE PARTIE.

Si jamais on a senti à quelle hauteur le mérite du stjle et l'art de la composition pouvaient éle- •ver un écrivain , c'est par l'exemple de La Fon- taine. Il règne dans la littérature une sorte de convention qui assigne les rangs d'après la dis- tance reconnue entre les cîifférens genres , à peu près comme l'ordre civil marque les places dai;S

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