Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dlî. CHAMFORT. Tx)

et dans les illusions de l'amour même , cet autre sentiment conservait des droits sur son cœur.

Adieu, plaisir, honneurs, louange bien aimée, ,;.

s'écriait-il dans le regret que lui laissaient les mo- mens perdus pour sa réputation. Ce ne fut pas sans doute une passion malheureuse : il jouit de cette gloire si chère , et ses succès le mirent au nombre de ces hommes rares à qui le suffrage public donne le droit de se louer eux-mêmes sans affliger l'amour-propre d'autrui. Il faut convenir qu'il usa quelquefois de cet avantage ; car, tout étonnant que paraît La Fontaine , il ne fut |>oui- tant pas im poète sans vanité. Mais, ne se louanl que pour promettre à ses amis

Un Icmple clans ses vers ,

pour rendre son encens plus digne d'eux , sa va- nité même devint intéressante , et ne parut que l'aimable épanchement d'une âme naïve , qui veut associer ses amis à sa renommée. Ne croirait-on pas encore qu'il a voulu réclamer contre les por- traits qu'on s'est permis de faire de sa personne , lorsqu'il ose dire : . ,

Qui n'admettrait Anacréon chez soi î Qui bannirait Waller et La Fontaine ?

Est-il vraisemblable , en effet , qu'un homme ad-

�� �