Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I l6 OEUVRES

— M. de SégLir ayant publié une ordonnance qui obligeait à ne recevoir dans le corps de l’artil- lerie que des gentilshommes, et d’une autre part ces fonctions n’admettant que des gens instruits, il arriva une chose plaisante : c’est que l’abbé Bossut, examinateur des élèves, ne donna d’at- testation qu’à des roturiers, et Cherin, qu’à des gentilshommes. Sur une centaines d’élèves, il n’y en eut que quatre ou cinq qui remplirent les deux conditions.

— M. de L me disait, relativement au plai- sir des femmes, que lorsqu’on cesse de pouvoir être prodigue, il faut devenir avare, et qu’en ce genre celui qui cesse d’être riche commence à être pauvre. « Pour moi, dit-il, aussitôt que j’ai été obligé de distinguer entre la lettre de change payable à vue et la lettre payable à échéance, j’ai quitté la banque. »

— Un homme de lettres à qui un grand sei- gneur faisait sentir la supériorité de son rang, lui dit : «Monsieur le duc, je n’ignore pas ce que je dois savoir ; mais je sais aussi qu’il est plus aisé d’être au-dessus de moi qu’à côté. »

— Madame de L est coquette avec illusion,

en se trompant elle-même. Madame de B l’est

sans illusion ; et il ne faut pas la chercher parmi les dupes qu’.elle fait.

— Le maréchal de Noailles avait un procès au parlement avec un de ses fermiers. Huit à neuf conseillers se récusèrent, disant tous : « En qua-