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238 OEUVRES

combat pénètre dans l’intérieur de la ville. Ans* sitôt les forts de la halle, les ouvriers des ports, les artisans robustes de toute espèce, s’arment à la hâte de tout ce qu’ils rencontrent, la plupart de bâtons, quelques-uns de mauvais fusils, et viennentau secours de leurs concitoyens. Mais ce qui les servit le plus efficacement, ce fut l’arrivée d’un détachement des gardes-françaises, qui, de- venus l’idole du peuple,s’empressèrent de marcher à son secours. C’était un spectacle curieux, que l’approche de cette troupe guerrière au milieu d’une foule désarmée qui la suivait ou la précédait au combat. Des femmes, des enfans, augmen- taient cette foule; et l’on distinguait surtout, dans l’obscurité de la nuit qui s’approchait, la hardiesse de ces petits garçons nommés porte- falots qui, avec leurs lanternes, éclairaient, par zèle et avec gaîté, cette colonne de gardes-fran- çaises marchant vers les coups de fusil. Ce sont de ces tableaux qu’on ne peut oublier ; et Paris en a offert, pendant cette célèbre semaine, plu- sieurs peut-être qui ne se renouvelleront jamais. La seule approche des gardes-françaises et quel- ques coups de fusil avaient suffi pour forcer leurs adversaires à s’enfoncer dans les Champs-Elysées. Vainement voulut-on employer le renfort des pe- tits Suisses: ces braves alliés de la France refu- sèrent de tirer sur des Français. Ce fut de ces étrangers que le reste des troupes reçut un exem- ple si généreux et si salutaire pour les deux par-